Discipline complète et transversale, la kinésithérapie positionne naturellement les masseurs-kinésithérapeutes au cœur des campagnes de prévention, comme c’est par exemple le cas en cette rentrée 2024. Ainsi, qu’il s’agisse de sensibiliser/agir en réponse aux cancers et tumeurs gynécologiques (Septembre Turquoise) ou de se mobiliser contre le cancer du sein (Octobre Rose), notre URPS se montre particulièrement proactive, employant pour cela une « arme redoutable », à savoir l’incroyable force d’un réseau constitué de près de 10.000 praticiens libéraux en Occitanie, « tous habitués à travailler en équipe et en interpro », comme le rappelle à juste titre notre consœur Aurélie Delmont, élue engagée au sein des Commissions Sport-santé, périnatalité et pelvi-périnéologie.
Nous sommes actuellement en plein mois de « Septembre Turquoise » et déjà « Octobre Rose » pointe le bout de son nez, nous donnant l’occasion de mettre en lumière les actions de lutte contre les cancers féminins. Peut-on rappeler, dans les grandes lignes, la place des masseurs-kinésithérapeutes dans la prise en charge du cancer du sein, qui rappelons-le dans ce cas précis, est susceptible de toucher 1 femme sur 8 au cours de son existence ?
La place de la kinésithérapie dans la prise en charge des patient.e.s touché.e.s par le cancer du sein est centrale, tout comme, rappelons-le d’emblée, l’activité physique adaptée est capitale pour les accompagner. Sur ces sujets, notre URPS conduit de multiples travaux, que j’invite chacun à (re)découvrir dans les espaces dédiés de notre site internet.
Vous évoquez, dans votre question, Septembre turquoise, en lien avec les cancers et tumeurs gynécologiques. Vous aurez, je l’espère, remarqué à quel point les élus sont dynamiques sur des sujets en lien direct avec cette question, notamment sur l’endométriose, maladie dite « gynécologique » où un vrai travail à destination des patients, mais aussi des praticiens, est réalisé.
Mais pour en revenir au sujet global de votre question, à savoir la place des kinés dans le processus de prise en charge des malades, j’évoquais une forme de centralité. Et le mot est approprié car nous intervenons à toutes les étapes. Nous relayons les messages de prévention, pouvons contribuer au repérage, sommes en mesure de reconnaître les complications ne relevant pas de notre compétence (les fameux « Red flags ») comme les points sur lesquels nous sommes en mesure d’apporter progrès et/ou confort. Et puis bien sûr, je citerais notre capacité à assurer la coordination autour du patient, de la chirurgie au retour à une activité physique adaptée (APA)
Mémo : Le 30 mai dernier, les députés ont adopté en première lecture (à l’exception des dépassements d’honoraires), la proposition de loi visant à une prise en charge intégrale des soins liés au cancer du sein. Le texte permet de dispenser les patientes du forfait journaliser hospitalier, du forfait urgence, de la participation budgétaire pour les consultations médicales et les examens/ analyses réalisés en ville, comme de la franchise médicale sur les médicaments remboursés… |
Être soignant, en 2024, c’est savoir travailler en réseau, dans un écosystème.
Exactement. Raison pour laquelle j’aimerais rappeler l’importance et l’utilité d’acteurs comme Onco-Occitanie et RKS, deux réseaux précurseurs sur ces sujets en lien avec le cancer. Ils offrent, pour nous kinés, une mine d’or d’informations, conseils, ressources (webinaires…) très précieux. Les interactions avec l’URPS sont nombreuses et régulières, puisque comme vous le savez, Onco-Occitanie est ce qu’on appelle dans le jardon, un « DSRC », c’est-à-dire un dispositif spécifique régional du cancer, placé sous tutelle de l’Institut national du Cancer, mais en région, de l’ARS. Leur rôle dans le cadre du plan cancer est d’accompagner les professionnels, d’améliorer la qualité des pratiques, notamment en visant une harmonisation des actions sur tout le territoire. Contribuer à la lisibilité des parcours par les patients comme déployer l’utilisation du dossier communicant en cancérologie est un sujet qui nous rassemble. Mais ce n’est qu’un sujet parmi d’autres.
Zoom sur…RKS : Le Réseau des Kinés du Sein (RKS) est une association dont la mission principale est de faciliter le parcours de soin des hommes et femmes atteints d’un cancer du sein. Le RKS fédère ainsi des kinésithérapeutes diplômés ayant suivi une formation spécifique en sénologie pour répondre aux besoins des patientes en recherche d’une prise en charge adaptée à leurs traitements. Pour en savoir plus : réseau des kinés du sein. |
De manière générale, au sujet de tous les cancers, quels sont les bénéfices pour le patient, de consulter un MK ?
Notre champ d’intervention est vaste, commençons par ne pas l’oublier nous-même. Cela va du drainage lymphatique au travail postural, en passant par le travail des cicatrices. Exemple de la mobilisation d’un bras éventuellement opéré suite à l’ablation de ganglions. Et la douleur, le renforcement des membres supérieurs et inférieurs… Il est important et capital de rappeler qu’il y a toujours quelque chose à travailler et qu’une prise en charge même tardive, est bénéfique. Et puis, par l’écoute et l’empathie, combien avons-nous pu déjà contribuer au mieux-être ? Notre action se situe là, aussi. Et en la matière, c’est un sujet quotidien. Je saisis également l’occasion de cet article pour rappeler que le dépistage reste notre meilleur allié pour détecter au plus tôt un cancer afin de le traiter à un stade précoce et d’offrir les meilleurs chances de guérison.