Union Régionale des Professionnels de Santé pour les Masseurs Kinésithérapeutes d’Occitanie

L’accès direct, ils en pensent quoi ?

CATÉGORIE

Alors que la question de l’accès direct aux masseurs- kinésithérapeutes s’impose comme LE sujet brûlant de l’été, suite à la publication de l’arrêté lançant l’expérimentation française dans 20 départements (et chez nous dans le Tarn, l’Aude et le Gers), nous vous partageons ici les témoignages, recueillis en mai dernier, de confrères et consœurs en activité dans notre région pour connaître leur sentiment à ce sujet. Voici leurs témoignages.

JULIE CAYROUSE
Belvèze-du- Razès (11)

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Un enthousiasme prudent

Notre consœur Julie exerce en libéral depuis 12 ans, dont 9 années passées à Carcassonne et une (de manière récente puisqu’il y exerce aujourd’hui), en milieu rural.

« Quand je pense à l’accès direct, d’un côté je me réjouis car pour les situations d’urgence, je considère que c’est une bonne chose ; de l’autre, je m’inquiète un peu, parce que face à la pénurie majeure de médecins sur notre territoire, nous kinés sommes déjà assaillis d’appels et de demandes… Certaines, uniquement pour des causes de détresse psychologique… Il faudra toutes et tous se mobiliser pour absorber la demande, le jour où cela deviendra une réalité. Cette errance médicale dans l’Aude nous désarme un peu. Ces gens stressés, en souffrance, en manque de moyens, somatisent beaucoup. Nous “soignons les corps”, pour ainsi dire, mais on cherche aussi à accompagner les patients vers l’autonomie. La charge mentale est forte pour les soignants qui se prennent de plein fouet les conséquences de la désertification médicale, des choix politiques qui ont été faits. »

JONATHAN GILLAUX
Léguevin (31)

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IMPATIENT

L’accès direct aux kinésithérapeutes ? Il attend ça avec une impatience non dissimulée. Lui qui a pu éprouver, à l’occasion de ses voyages à l’étranger, cette autre réalité, y verrait par ailleurs une forme de reconnaissance bien méritée…

« J’ai vécu pendant 18 mois en Nouvelle-Zélande, j’ai par ailleurs pas mal voyagé dans ma vie, notamment dans des pays où l’accès direct aux physiothérapeutes, nom qu’on donne aux kinés en dehors de nos frontières, est une réalité depuis longtemps. Les bénéfices sont connus, évidents… Alors pourquoi pas nous, en France ? Je sais qu’on est techniquement en capacité d’y avoir accès dans certains cadres, mais les conditions sont tellement restrictives que cela ne concerne finalement pas grand monde. Je trouverais pertinent, ne serait ce que pour nos patients qui, ralenti dans leur parcours, peuvent développer une kinésiophobie. Nous sommes non seulement en capacité de recevoir en première intention, de désengorger les cabinets des médecins traitants, mais aussi les services hospitaliers et de remettre en mouvement le patient au moment adapté. Obtenir un rendez-vous avec nous est souvent plus facile que de consulter un médecin, en termes de délais. Autre atout : un bilan kiné de 1h est plus approfondi. L’accès direct serait une juste reconnaissance de ce que les patients demandent. Ils sont nombreux ceux à qui nous devons rappeler que le passage par la case médecin est obligatoire pour démarrer la prise en charge… »

LUCIE CONDOMINES
Belmont-sur- Rance (12)

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ATTENTIVE

Lucie envisage elle aussi d’un bon œil l’ouverture de l’accès direct à notre profession.

« Mon inquiétude se justifie plutôt par la démographie de mon bassin de vie. J’exerce, avec 4 consoeurs, dans un cabinet en milieu très rural. Chez nous, il y n’y a plus de médecins, tout doit se faire en visio depuis la pharmacie, ou en structure et c’est à 45 minutes de trajet. Alors, si l’accès direct semble une bonne solution pour de nombreuses pathologies et s’annonce comme un progrès pour les patients, pour nous… Je m’interroge : comment allons-nous gérer l’afflux de demandes ? D’autant que nous ne sommes pas non plus en surnombre, nous les kinés, sur mon secteur… En conclusion, la perspective de l’accès direct à notre profession me réjouit, mais j’attends surtout de voir les conditions… »

GUILLAUME LÉOUFFRE
Montpellier (34)

Guillaume

PRAGMATIQUE

L’accès direct, pour Guillaume aussi, c’est Oui. Mais, pragmatique, notre confrère, en libéral depuis 2008, s’interroge toutefois sur la réalité de la mise en place…

« Je suis associé au sein d’un cabinet composé de six kinés. Nous sommes installés à la Mosson, un quartier sensible et très densifié en population, puisque riche de 25 000 habitants. L’accès direct, qui soulève la question des “urgences” et des soins non programmés (SNP), valorise certes notre proximité et la facilité d’accès pour les patients, mais mettra à rude épreuve notre capacité d’adaptation. Je pense aux petits cabinets ou à ceux isolés, déjà archibondés, qui devront forcément s’organiser un peu…. Cela dit, l’accès direct resterait une bonne chose pour nous et pour les patients, qui gagneront un temps précieux dans de nombreuses situations comme, par exemple, une entorse ou une lombalgie soudaine. Le but ne sera jamais de se substituer aux médecins, mais d’assurer une prise en charge experte, efficace et rassurante de façon plus rapide. C’est rassurant pour nos patients, à qui on pourra éviter aussi de souffrir inutilement… »

Tous ces témoignages et plus encore sont à retrouver dans Kinévox n°3