Le mois de Mars est le mois de la sensibilisation au cancer colorectal. Vous avez peut-être déjà lu quelques informations concernant ce cancer.
Il est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes(1).
Certains facteurs de risques pourraient être modifiables comme le surpoids ou l’obésité, l’inactivité physique, les régimes alimentaires, le tabagisme et la consommation excessive d’alcool (2).
Mais saviez vous que les kinésithérapeutes ont également leur rôle à jouer dans la prise en charge du cancer colorectal ?
DANS LA PREVENTION :
Comme dans beaucoup de pathologies, l’activité physique a un rôle crucial dans le maintien et l’amélioration de l’état de santé, en particulier en raison de l’augmentation de la sédentarité. Il est important de préconiser une activité physique modérée à élevée qui est un facteur important de protection qui permet de réduire considérablement le risque global de cancer du système digestif (moins 25% pour le CCR) (3).
Les masseurs kinésithérapeutes étant des professionnels spécialisés dans l’activité physique adaptée sauront guider les patients.
DANS LA GESTION DES COMPLICATIONS POST OPERATOIRES :
On note que l’incontinence fécale se développe généralement après la prise en charge du CCR par chirurgie et / ou chimiothérapie (4).
Les MK peuvent préparer les patients aux conséquences envisageables de cette chirurgie.
DANS LA REHABILITATION :
Les kinésithérapeutes vont aider les patients après la chirurgie à retrouver leur mobilité, leur tonus musculaire… L’activité physique à ce stade est également très importante comme le démontre une étude de l’OMS. En effet, on recense alors une meilleure survie après un CCR (5).
Néanmoins, lors des interventions chirurgicales d’ablation des cellules cancéreuses au niveau colorectal, les méthodes opératoires (opération standard ou laparoscopie) rompent la continuité des muscles abdominaux. De ce fait, les patients doivent restreindre leur
activité physique pendant la période post-opératoire. La plaie est également source de douleur ce qui va limiter la mobilité de la colonne thoracique et lombaire et cela quelle que soit la technique opératoire. On retrouve alors une diminution de la force musculaire des abdominaux (grands droits et obliques).
Pour éviter des conséquences trop importantes, il serait pertinent d’adresser les patients le plus rapidement possible en rééducation afin d’améliorer la motilité des colonnes thoracique et lombaire et de renforcer les abdominaux (6).
D’autres études mettent en évidence cette réduction de masse musculaire avec une diminution de la largeur des multifidus lombaires et du muscle transverse abdominal ainsi qu’une diminution de la force abdominale. En bref, on retrouve une diminution de force, une myopénie conduisant à une fragilité et cela est observé chez les patients rapidement après le diagnostic d’un CCR. L’intégration précoce de ces patients dans des programmes de renforcement est donc primordiale (7).
REHABILITATION PELVI-PERINEALE:
70 à 90 % des patients qui subissent une chirurgie préservant le sphincter souffrent d’incontinence fécale en plus d’une incontinence aux gaz. On note également une augmentation de la production des gaz intestinaux et de l’urgence rectale (8).
Les kinésithérapeutes pourront proposer des traitements concernant l’incontinence fécale (1).
On retrouve après rééducation des muscles du plancher pelvien des améliorations significatives de la qualité de vie (QDV). Les meilleurs résultats sont observés quand on associe la rééducation des MPP avec du BFB (6).
Cette rééducation améliore significativement la fréquence des selles, les épisodes d’incontinence rectale et leur gravité et donc la QDV (9).
GESTION DE LA DOULEUR :
Les kinésithérapeutes peuvent aider les patients à gérer leur douleur associée au cancer colorectal et à ses traitements.
Les données de recherche ont montré que les habitudes de vie saines, telles qu’une bonne alimentation, l’arrêt du tabac, la diminution de l’indice de masse corporelle, l’évitement de l’alcool, la prévention de l’obésité et une activité physique accrue, peuvent réduire le risque de cancers du système digestif.
En résumé, les kinésithérapeutes peuvent jouer un rôle crucial dans la prise en charge globale des patients atteints de cancer colorectal, en contribuant à leur éducation thérapeutique, à leur réhabilitation physique, à la gestion de leurs
douleurs, à l’amélioration globale de leur qualité de vie tout au long de leur parcours de traitement et de rétablissement.
Commission de pelvi-périnéologie de l’URPS MK Occitanie
(1)Pun, M. Y., Leung, P. H., Chan, T. C., Pang, C., Chan, K. H., & Kannan, P. (2024). The effectiveness of physiotherapy interventions on fecal incontinence and quality of life following colorectal surgery: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Supportive care in cancer : official journal of the Multinational Association of Supportive Care in Cancer, 32(2), 103. https://doi.org/ 10.1007/s00520-023-08294-1
(2)Kazemi, E., Zayeri, F., Baghestani, A., Bakhshandeh, M., & Hafizi, M. (2023). Trends of Colorectal Cancer Incidence, Prevalence and Mortality in Worldwide From 1990 to 2017. Iranian journal of public health, 52(2), 436–445. https://doi.org/10.18502/ ijph.v52i2.11897
(3)Xie, F., You, Y., Huang, J., Guan, C., Chen, Z., Fang, M., Yao, F., & Han, J. (2021). Association between physical activity and digestive-system cancer: An updated systematic review and meta-analysis. Journal of sport and health science, 10(1), 4–13. https://doi.org/10.1016/j.jshs.2020.09.009
(4)D’Ancona, C., Haylen, B., Oelke, M., Abranches-Monteiro, L., Arnold, E., Goldman, H., Hamid, R., Homma, Y., Marcelissen, T., Rademakers, K., Schizas, A., Singla, A., Soto, I., Tse, V., de Wachter, S., Herschorn, S., & Standardisation Steering Committee ICS and the ICS Working Group on Terminology for Male Lower Urinary Tract & Pelvic Floor Symptoms and Dysfunction (2019). The International Continence Society (ICS) report on the terminology for adult male lower urinary tract and pelvic floor symptoms and dysfunction. Neurourology and urodynamics, 38(2), 433–477. https://doi.org/10.1002/nau.23897
(5)Krogsgaard, M., Andersen, R. M., Danielsen, A. K., Thomsen, T., Klausen, T. W., Christensen, B. M., Gögenur, I., & Vinther, A. (2022). Physical activity after colorectal cancer surgery-a cross sectional study of patients with a long-term stoma. Supportive care in cancer : official journal of the Multinational Association of Supportive Care in Cancer, 30(1), 555–565. https://doi.org/10.1007/ s00520-021-06374-8
(6)Głowacka-Mrotek, I., Tarkowska, M., Jankowski, M., Nowikiewicz, T., Siedlecki, Z., Hagner, W., & Zegarski, W. (2020). Prospective evaluation of muscle strength and spine joint motility of patients who underwent surgery for colorectal cancer by open and laparoscopic methods. Wideochirurgia i inne techniki maloinwazyjne = Videosurgery and other miniinvasive techniques, 15(1), 49–57. https://doi.org/ 10.5114/wiitm.2019.84762
(7)Cruz-Fernández, M., Achalandabaso-Ochoa, A., Gallart-Aragón, T., Artacho Cordón, F., Cabrerizo-Fernández, M. J., Pacce-Bedetti, N., & Cantarero-Villanueva, I. (2020). Quantity and quality of muscle in patients recently diagnosed with colorectal cancer: a comparison with cancer-free controls. Supportive care in cancer : official journal of the Multinational Association of Supportive Care in Cancer, 28(10), 4745–4752. https://doi.org/10.1007/s00520-020-05314-2
(8)Pieniowski, E. H. A., Nordenvall, C., Palmer, G., Johar, A., Tumlin Ekelund, S., Lagergren, P., & Abraham-Nordling, M. (2020). Prevalence of low anterior resection syndrome and impact on quality of life after rectal cancer surgery: population based study. BJS open, 4(5), 935–942. https://doi.org/10.1002/bjs5.50312
(9)Lin, K. Y., Granger, C. L., Denehy, L., & Frawley, H. C. (2015). Pelvic floor muscle training for bowel dysfunction following colorectal cancer surgery: A systematic review. Neurourology and urodynamics, 34(8), 703–712. https://doi.org/10.1002/ nau.22654